Espèces sauvages singulières, des merveilles à protéger !
Certaines espèces sauvages ont plus la cote que d’autres… Plus faciles à voir, plus photographiées ou filmées, les animaux vedettes occupent toute l’attention des amateurs de faune sauvage. C’est le cas en Afrique avec le Big Five (lion, éléphant, buffle, léopard et rhino) qui est devenu la norme d’un safari réussi. Pourtant nombres d’espèces animales méconnues méritent tout autant d’attention et tiennent une place d’importance dans la chaîne du vivant.Focus sur trois d’entre elles.
LE LYCAON, CHIEN SAUVAGE D'AFRIQUE, EN DANGER D'EXTINCTION
Comment le reconnaître ?
Parfois confondus avec les hyènes dont ils partagent les mêmes territoires, les lycaons ont des silhouettes bien reconnaissables : un pelage fauve irrégulièrement marbré de noir, des pattes très fines, une allure efflanquée (sauf les femelles gestantes avec leur ventre bien rebondi) et surtout de grandes oreilles très arrondies, qu’ils orientent doucement, même au repos, comme s’ils écoutaient le vent.
Ces canidés, cousins des chiens domestiques et des loups (on les surnomme aussi les « loups peints »), sont très sociaux et ne vivent qu’en meute de 6 à 30 individus. Très hiérarchisée et très soudée, la meute n’autorise que le couple alpha à se reproduire.
La vie en meute
La survie des lycaons dépend de la bonne coopération de leur groupe, notamment pour chasser : leur technique en meute est redoutable et consiste en de longues courses-poursuites très organisées, qui leur assurent un très haut taux de réussite.
Le partage des proies est également un moment très codifié. Parmi les comportements typiques des lycaons, la régurgitation de nourriture, qui se fait au bénéfice des femelles gestantes, allaitantes mais aussi des individus âgés ou blessés.
Une espèce à protéger
Mal aimé, le lycaon est en recul dans toutes ses aires de répartition. Autrefois estimée à 500 000, sa population se monte aujourd’hui à 6600 individus, répartis sur 14 pays, sur des territoires de plus en plus morcelés. Considéré à tort comme nuisible et vecteur de maladie, le lycaon a été abondamment massacré.
En grand danger d’extinction, cette espèce est de mieux en mieux protégée grâce à plusieurs mesures : l’amélioration de la cohabitation avec les humains, la lutte contre le braconnage (dont il est une victime collatérale), la réintroduction d’individus dans les populations fragilisées.
Où avoir le plus de chance de voir des lycaons en safari ?
Le Botswana est un des pays où vous avez le plus de chance d’en croiser et de faire des observations de qualité
En savoir + sur le lycaon :
L'ORYCTÉROPE DU CAP, MENACÉ PAR LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Comment le reconnaître ?
Extrêmement discret, avec un mode de vie principalement nocturne qui rend son observation difficile, ce petit mammifère peut mesurer jusqu’à 1,30 m de long à l’âge adulte et peser jusqu’à 80 kg !
Un aspect étrange, « mi-cochon, mi-kangourou », un nom peu prononçable… sa singularité ne s’arrête pas là puisqu’il est l’unique représentant des tubulidentés (dont les dents ont une structure bien particulière, constituée de prismes d’ivoire, sans émail et sans racines) !
QUEL EST SON MODE DE VIE ?
Présent dans toute l’Afrique sub-saharienne, l’oryctérope joue un rôle majeur dans l’équilibre du vivant car les énormes terriers qu’il creuse sous terre servent de refuges à de nombreuses autres espèces.
L’oryctérope est friand de fourmis et de termites (c’est même son régime principal), qu’il repère grâce à un odorat hors pair (son groin recèle 9 bulbes
olfactifs, là où les chiens ou les cochons, pourtant réputés pour leur flair, n’en ont que 4 ou 5). Il les déniche en grattant la terre avec de longs doigts griffus.
Il consomme également un concombre endémique africain, qui commence sa croissance sur le sol, avant de la continuer sous terre, ce qui permet à l’animal de se réhydrater, dans les régions où l’eau se fait rare.
Une espèce MENACÉE
Si des programmes de protection se développent dans les pays d’Afrique Australe, l’oryctérope est en grand danger. Parmi les principales menaces : la chasse, la destruction de son habitat et la pollution aux insecticides. Mais plus impactant encore, le réchauffement climatique et les sécheresses consécutives qui touchent les territoires où il vit : l’aridité grandissante réduit les populations de fourmis et de termites, principale source d’alimentation de l’oryctérope.
En disparaissant, ce dernier impactera grandement la biodiversité africaine en entraînant un grand nombre d’espèces dans sa suite…
Où avoir le plus de chances de voir l’oryctérope en safari ?
Le parc d’Etosha en Namibie est sans doute le lieu le plus propice, mais cela reste rarissime
LE PARRESSEUX, ÉTONNANT HABITANT DES FORÊTS TROPICALES D'AMÉRIQUE CENTRALE
Comment le reconnaître ?
On connaît l’animal pour son extrême lenteur à se mouvoir, ce qui lui a valu ce nom peu flatteur… on en sait beaucoup moins sur son mode de vie et son métabolisme vraiment étonnant.
Le paresseux est un petit animal solitaire, qui passe l’essentiel de sa vie dans les forêts d’Amérique centrale : il y trouve sa nourriture, principalement des feuilles, des bourgeons et des fleurs, ainsi que des lieux propices pour dormir environ 15 heures par jour à l’abri des prédateurs.
La lenteur de ses déplacements ne l’empêche pas d’être habile et il passe de manière acrobatique d’une branche à l’autre, grâce à ses pâtes puissantes munies de 2 ou 3 grandes griffes (selon l’espèce) et à ses articulations qui peuvent tourner quasiment dans tous les sens (notamment sa tête à 270 degrés !).
Conséquence de son fonctionnement au ralenti et d’une digestion très lente qui lui demande plusieurs jours, il ne descend au sol qu’une fois par semaine (pour déféquer), ce qui lui coûte beaucoup en énergie et le met en danger.
Ses autres particularités
Parmi ses autres caractéristiques étonnantes : une température corporelle pouvant varier entre 23 et 32 °C, et un pelage qui retient l’eau et prend une teinte verdâtre ! Cette dernière est due au développement d’algues que le paresseux ingurgite ensuite en se léchant, ce qui lui apporte glucides et lipides nécessaires à son équilibre…
Mais ses poils abritent aussi tout un écosystème, dont des papillons qui virevoltent autour de lui et dont les femelles profitent des matières fécales du paresseux pour aller y pondre leurs œufs…
La menace : la déforestation
Victimes de leur frimousses rigolotes (qui ont été reprises et déclinées dans des grosses productions de cinéma d’animation), les paresseux subissent un braconnage destiné à des fins domestiques.
Mais la plus grande menace est bien sûr la déforestation qui engendre la disparition de leur habitat et de leur source de nourriture. Le morcellement des forêts l’oblige souvent à descendre au sol où il court les plus grands dangers (prédateurs, chiens, voitures…).
Où avoir le plus de chances de voir le paresseux ?
Au Costa Rica, petit pays qui a su préserver ses forêts tropicales et sa faune sauvage.